Organiser l’offre, la prescription et l’interprétation de tests génétiques en France
Le diagnostic en génétique moléculaire des maladies cardiaques héréditaires est réalisé en France par 6 laboratoires de CHU (Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, CHU de Nantes, CHU de Lyon- HCL, CHU de Grenoble, CHU de Lille, et récemment l’hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP)). La filière nationale de santé Cardiogen est donc l’occasion de structurer ces tests diagnostiques et leur prescription au niveau national. Un groupe de travail, coordonné par le Dr Pascale Richard (Unité Fonctionnelle de Cardiogénétique et Myogénétique Moléculaire, Pitié Salpêtrière), constitué de généticiens moléculaires (Dr Véronique Fressart, Pr Stéphane Bezieau, Dr Florence Kyndt, Dr Gilles Millat, Dr Nathalie Roux Buisson, Dr Claire Marie Dhaennens) et de généticiens cliniciens (Dr Caroline Thambo, CHU Pellegrin, Bordeaux, Dr Juliette Albuisson, HEGP, Paris, Pr Philippe Charron, Pitié Salpêtrière, Paris) s’est réuni à plusieurs reprises en 2014 et 2015 afin de répondre à plusieurs objectifs :
• Faire un état des lieux de l’offre diagnostique en France. L’objectif étant d’avoir une vision de la demande nationale pour chaque pathologie (cardiomyopathies et troubles rythmiques héréditaires) et des capacités de chacun des services hospitaliers en termes de moyens, de technologies (en particulier de séquençage à haut débit) et d’équipements.
• Une action consistant en une harmonisation des prescriptions a été menée. Elle découle de l’élaboration d’arbres décisionnels de prise en charge des analyses moléculaires en fonction des informations cliniques transmises au laboratoire. L’objectif est d’éviter les prescriptions non appropriées, de permettre l’interprétation des résultats par l’apport de renseignements cliniques pertinents, et d’encadrer légalement les demandes d’analyses moléculaires.
• Une structuration de l’offre diagnostique au niveau des laboratoires concernant les différents phénotypes des maladies cardiaques héréditaires et des gènes qui leur sont associé a été proposée.
• Collaborer sur les résultats des tests génétiques afin de renforcer la sécurité de l’interprétation des mutations.
Le groupe a ainsi produit des formulaires de prescription incluant les informations cliniques indispensables, des arbres décisionnels d’analyses adaptés à chacun des phénotypes et comportant des panels de gènes de complexité croissante), rédigés en accord avec les pratiques recommandées par l’association nationale des praticiens de génétique moléculaire (ANPGM) et validés par la filière de santé.
Par exemple, trois niveaux d’analyses sont proposés dans les cardiomyopathies héréditaires, un panel de gènes majeurs (MYH7, MYBPC3, TNNI3, TNNT2, MYL2, LMNA) dans un premier temps permettant d’identifier la mutation pathogène dans 40% des cardiopathies hypertrophiques et 20 % des cardiopathies dilatées, puis après réévaluation clinique, un panel de niveau 2 comportant l’analyse de 45 à 50 gènes. Enfin dans certaines situations ou les données phénotypiques ne sont pas totalement accessibles (enfants, patients décédés..) un panel plus large (>100 gènes) peut être envisagé. Dans le cas des arythmies, deux panels ont également été définis et permettent le diagnostic de la dysplasie ventriculaire droite arythmogène, du QT long congénital, du Syndrome de Brugada, des troubles conductifs et des tachycardies ventriculaires cathécholergiques.
Les actions futures de ce groupe de travail vont consister à étudier la possibilité de mettre en commun les bases de données de mutations, permettant ainsi une meilleure standardisation dans l’interprétation des analyses, de mettre en place un contrôle de qualité entre ces laboratoires permettant de s’assurer régulièrement de la qualité permanente des technologies, des pipelines bio-informatiques et de l’interprétation des variants. Sur un plan administratif, un travail sur la cotation de ces actes nouveaux a été entrepris afin de valoriser cette activité au niveau des hôpitaux.